Réponses à vos questions sur les déficiences cognitives et la démence
par Dr. Guy Proulx
(Adaptation d’un texte écrit par Dr. Proulx pour l’Association canadienne de psychologie)
Qu’est-ce que la cognition ?
La cognition consiste en la capacité du cerveau à penser, traiter et emmagasiner de l’information et à résoudre des problèmes. Unique à l’humain, elle fait appel à un comportement très évolué. Elle dépend de nombreux processus mentaux comme, entre autres, la mémoire, le langage, la perception, l’attention et le raisonnement.
Qu’est-ce que la démence?
La démence est un terme qui désigne un ensemble de symptômes, dont la détérioration cognitive, résultant en des changements comportementaux qui interfèrent avec la capacité de la personne à fonctionner de façon autonome dans la vie quotidienne.
La démence se définit habituellement comme un déficit dans au moins deux aspects de la cognition qui entraînent un changement dans la capacité de fonctionner de façon autonome. Ce n’est pas une maladie, mais plutôt un état résultant d’une des nombreuses maladies neurologiques. Plusieurs maladies causent la démence et celle-ci peut progresser ou se stabiliser selon la nature de la maladie sous-jacente.
La démence peut résulter de maladies qui affectent les cellules nerveuses (neurones) de la couche externe (cortex) ou des structures internes (trouvées sous le cortex) du cerveau. Les symptômes varient selon les régions du cerveau les plus atteintes.
Par exemple, la maladie d’Alzheimer touche les régions corticales du cerveau qui entrent en jeu dans l’acquisition ou l’apprentissage d’une nouvelle information (amnésie), la capacité de faire des actions qui requièrent de la dextérité ou l’utilisation d’outils (apraxie), l’utilisation du langage (aphasie) ou la capacité de percevoir des choses ou de reconnaître des personnes (agnosie).
Les maladies comme celle de Parkinson ou Huntington affectent principalement les régions sous-corticales et les symptômes se manifestent par des mouvements anormaux (tremblements, posture voûtée, initiation du mouvement), des anomalies de la parole et de la voix (troubles d’élocution, bégaiement) et des difficultés d’attention. Il y a des problèmes de mémoire, mais ils touchent davantage la capacité de récupération d’l’information que son acquisition.
Prévalence de la démence
Environ 8 % de la population canadienne souffre d’une certaine forme de démence, mais sa prévalence augmente considérablement avec l’âge. La démence touche environ 2 % des personnes âgées de 65 à 74 ans et cette proportion augmente à 34 % après l’âge de 85 ans.
Quelles maladies entraînent la démence?
La maladie d’Alzheimer représente environ 50 % de tous les cas. Elle cause un dommage graduel aux neurones et éventuellement leur dégénérescence complète. Le premier symptôme le plus courant est la perte de mémoire et les oublis rapides. Les personnes atteintes ne parviennent pas à se souvenir d’événements comme des conversations récentes ou des événements personnels significatifs.
Les difficultés de se rappeler le nom de personnes, même celui de membres de la famille, et à trouver le mot juste sont un autre symptôme précoce habituel de la maladie.
La maladie d’Alzheimer progresse lentement et peut durer plusieurs années avant le décès de la personne. À mesure que la maladie progresse, de plus en plus d’aspects de la fonction cognitive sont affectés, notamment le langage, la perception et la capacité d’exécuter des habiletés apprises. Le plus souvent, l’individu doit être alité au cours des dernières années de la maladie et les principales causes de décès sont secondaires, par exemples, suite à une chute ou à une infection.
La démence vasculaire apparaît à la suite de dommages répétés à des régions du cerveau causés par des blocages dans les vaisseaux sanguins. La démence vasculaire peut se produire après un ou plusieurs accidents vasculaires cérébraux (AVC) ou de très brèves périodes de désordre du débit sanguin au cerveau (accident ischémique transitoire ou AIT).
Les symptômes varient en fonction de la localisation des accidents vasculaires cérébraux. La démence vasculaire peut progresser comme la maladie d’Alzheimer, mais sa progression peut ne pas être graduelle. La fonction cognitive peut se détériorer, à cause des effets immédiats d’un AVC ou d’un AIT, mais des périodes d’amélioration peuvent s’ensuivre.
Cependant, si l’individu subit d’autres accidents vasculaires cérébraux, la dysfonction cognitive s’aggrave.
La maladie à corps de Lewy ainsi que la démence vasculaire représentent les deuxièmes et troisièmes causes les plus communes de démence. Les individus atteints de la maladie à corps de Lewy manifestent des symptômes semblables à ceux souffrant de la maladie de Parkinson, notamment les tremblements, la raideur et la rigidité dans les mouvements, la perte et d’expressions faciales, ainsi que des problèmes cognitifs, comme des pertes de mémoire, des fluctuations de l’attention, des difficultés de raisonnement et d’accomplissement d’une séquence de mouvements.
Les individus souffrant de la maladie à corps de Lewy ont souvent des hallucinations visuelles et moins souvent des hallucinations auditives. Comme pour la maladie d’Alzheimer sa progression est lente.
Plusieurs autres conditions peuvent causer une démence dont…
Certaines démences sont-elles réversibles?
Oui, si elles ont été causées à l’origine par :
Savons-nous ce qui cause la maladie d’Alzheimer et d’autres types de démences?
Au cours des 20 dernières années, il y a eu des recherches prometteuses afin de cerner la dysfonction neurologique qui caractérise la maladie d’Alzheimer, mais il pourrait bien y avoir d’autres causes. La maladie d’Alzheimer est héréditaire pour une minorité des personnes qui en sont atteintes, la cause exacte dans la majorité des cas étant inconnue. Il y a des facteurs génétiques qui prédisposent une personne à développer la maladie. Or, même les individus qui en possèdent les caractéristiques ne développent pas nécessairement la maladie, ce qui mène les scientifiques à croire qu’il y a une interaction entre l’environnement et notre profile génétique.
Y a-t-il des traitements pour la démence?
Aujourd’hui, un certain nombre de médicaments permettent de ralentir la progression de la maladie d’Alzheimer, mais ces traitements n’apportent pas de guérison ni de prévention. Le chlohydrate de donépézil (Aricept (marque déposée)), le chlohydrate de mémantine (Ebixa (marque déposée)) et le rivastigmine (Exelon (marque déposée)) comptent parmi ces médicaments.
Des traitements non médicaux sont également utilisés pour aider la personne à atténuer les effets des déficiences cognitives comme les pertes de mémoire. Les personnes souffrant de pertes de mémoire graves peuvent apprendre à utiliser des aide-mémoires comme un planificateur de journée ou un assistant personnel électronique (APE) pour se souvenir de quelque chose. Un environnement bien conçu peut aussi contribuer beaucoup à réduire les effets des déficiences.
Qu’est-ce qu’un trouble cognitif léger (TCL)?
Le TCL est un état caractérisé par la dégradation d’un processus cognitif ou plus, mais qui n’a pas d’incidence importante l’autonomie de la personne. Les causes peuvent être tout aussi variées que celles de la démence. Une bonne proportion des individus atteints d’un TCL développeront éventuellement une démence. On estime qu’après 5 ans, pour environ 50 % d’entre eux, le TCL évoluera en une forme de démence, le plus souvent la maladie d’Alzheimer.
Signes d’une déficience cognitive possible qui justifient un examen plus poussé
Remarque : Pour qu’ils soient significatifs, ces problèmes doivent se manifester plus fréquemment chez cette personne que pour la personne moyenne du même âge.